Nazis cinglésT.C. Lynch (The Cat Lady) |
Une critique de «Black Sun» de Goodrick-ClarkeQu'est-ce que je veux dire par «nazis cinglés», particulièrement dans un monde où tous les nazis sont considérés cinglés? Certains reconnaissent que la plus haute priorité politique est la préservation et le progrès de la race blanche. Certains reconnaissent que le plus grand danger pour la race blanche est le Juif. Non seulement les nazis reconnaissent ces vérités, mais ils ont le courage d'admettre que Hitler les a reconnues avant eux. Ils reconnaissent aussi que Hitler fit plus que tout autre être humain pour agir sur ces vérités, et que ses écrits et ses actions sont une source de sagesse pénétrante pour la politique radicale, qui est encore valable à ce jour. Ils vénèrent Hitler et ceux qui tombèrent avec lui durant la Seconde Guerre Mondiale comme les martyrs d'une sainte cause. Mais ils pensent qu'il est encore trop tôt pour dire que la cause de Hitler a échoué, que son sacrifice a été inutile. Ils sont déterminés à faire en sorte qu'il n'ait pas été «inutile». Ils tentent donc de persuader les autres de ces vérités, et ils tentent de créer des organisations efficaces pour mettre ces vérités en pratique. Les nazis cinglés trouvent difficile de persuader les gens des deux vérités centrales: Blanc = Bien, Juif = Mal. Ou peut-être ont-ils simplement peur d'avoir raison et de le dire. Ou peut-être ne sont-ils pas vraiment sérieux en disant que Blanc = Bien, Juif = Mal. Ou peut-être sont-ils simplement vraiment cinglés. Quelle que soit l'explication, les nazis cinglés ont tous la même stratégie. Ils pensent que s'ils peuvent d'abord persuader les gens de tout un nombre de notions fausses et stupides, ils pourront plus facilement les persuader de la vérité. Certains nazis cinglés espèrent que, avec des allusions appropriées, les gens se représenteront d'eux-mêmes la vérité, leur épargnant l'embarras et l'ostracisme social potentiels de parler ouvertement. Ainsi le nazi cinglé nous informe que Odin nous sauvera si nous apprenons simplement à utiliser les runes. Ou il nous informe que l'hindouisme détient la vérité -- et, au passage, que Hitler était le neuvième avatar du dieu Vishnou, et que beaucoup de Non-Blancs l'adoraient comme un Dieu en Inde, et que donc il avait absolument raison. Ou il nous dit qu'il y a des bases nazies secrètes au pôle Sud, d'où une flotte de soucoupes volantes nazies sortiront un jour pour conquérir le monde. Ou il nous dit que les Blancs sont les véritables Juifs, et que les «Juifs» d'aujourd'hui sont des imposteurs, et que Hitler oeuvrait simplement pour Jéhovah. Ou il raconte la vie de Hitler dans le langage des évangiles synoptiques et de la messe catholique, faisant frissonner de méchants garçons un peu partout. Ou il nous dit que les Blancs venaient de l'Atlantide ou d'Aldéraban ou du pôle Nord. Ou, si vous vous appelez Miguel Serrano, vous nous dites tout ça à la fois. Il est difficile de persuader quiconque de telles croyances fausses et folles. La plupart des nazis cinglés ne réussissent à persuader les gens que d'une seule chose: qu'ils sont des toqués. Mais s'ils réussissent, alors félicitations, ils ont enrichi le mouvement de quelques lourdauds crédules. Les gens qui peuvent croire à quelque chose peuvent croire aussi au national-socialisme. Mais seulement en banalisant toutes les croyances. Peut-être les Juifs mourront-ils simplement de rire. Pensez seulement à ce que ces mêmes gens auraient accompli s'ils avaient passé tout leur temps et leur énergie à marteler les vérités simples, facilement documentées, comme quoi Blanc = Bien, Juifs = Mal. Imaginez le genre de convertis qu'ils auraient attirés s'ils avaient passé leur temps à aiguiser leurs esprits avec des arguments au lieu de les abrutir avec du dogmatisme, à remplir leurs esprits de faits scientifiques et historiques au lieu de les saturer avec des mythes et des fantaisies. Le Chapitre Un, «Le néo-nazisme américain» , traite de figures comme George Lincoln Rockwell, Matt Koehl, et William Pierce, ainsi que James Mason, The Order, Louis Beam, et Harold Covington. A part le New Order de Matt Koehl, qui est réellement un culte nazi, aucun de ces individus et groupes n'est particulièrement religieux, bien que Goodrick-Clarke déniche toutes les citations à consonance religieuse qu'il peut trouver chez Rockwell et Pierce. Plus, ces gens ne perdent pas le but de vue. Ils se concentrent sur les vérités basiques et ne les obscurcissent pas avec un charabia religieux. William Pierce n'essaye pas vraiment de recruter des gens pour son Eglise «cosmothéiste» (qui me semble être guère plus qu'une pompe à fric). Au lieu de cela, il essaye de recruter pour la National Alliance. Et semaine après semaine il tape sur les Juifs. On peut dire la même chose de Colin Jordan, qui est le sujet principal du Chapitre Deux, «Le monde clandestin du nazisme britannique». Une grande partie de ce chapitre semble tirée, presque mot pour mot, de La Prêtresse d'Hitler. Goodrick-Clarke parle aussi de groupes comme Combat 18, la National Socialist Alliance, et le National Socialist Movement de David Myatt, citant leurs maigres lettres d'information photocopiées et tentant généralement de donner l'impression qu'ils représentent quelque chose. Vous voulez être une menace pour la Civilisation Occidentale? Tout ce dont vous avez besoin est une boîte postale et un photocopieur. Goodrick-Clarke fera le reste. Le Chapitre Trois, «Julius Evola et le Kali Yuga», commence sa discussion sur le fasciste occulte le plus substantiel avec un récit d'attentats à la bombe commis par des gens influencés par Evola. Cela donne très bien le ton. Le résumé de Goodrick-Clarke sur Evola ne cadre pas avec ce que j'ai lu, mais c'est bien supérieur aux tentatives intellectuellement malhonnêtes de faire disparaître ses liens avec le fascisme et le national-socialisme. Le Chapitre Quatre, «Imperium et la Nouvelle Atlantide», parle de James H. Madole et du National Renaissance Party, qui fusionna le national-socialisme avec le fascisme spenglérien de Francis Parker Yockey, avec l'hindouisme, et avec l'histoire du monde revue par Madame Blavatsky. Le Chapitre Cinq, «Savitri Devi et l'avatar Hitler», est un condensé souvent textuel de La Prêtresse d'Hitler. Black Sun contient une jolie vue de profil de Devi qui montre clairement ses célèbres boucles d'oreilles avec un svastika géant. Ceci dit, cependant, la sélection de planches photographiques est assez pauvre. Comme pour La Prêtresse d'Hitler, elle est remplie de photographies curieusement inappropriées mais manque de photographies ayant un rapport évident avec le sujet. Il n'y a pas de bonnes photos de Rockwell, Colin Jordan, Françoise Dior, et Richard Butler. Une page entière est consacrée à la même vieille photo de Francis Parker Yockey, pourtant on ne parle guère de lui dans le livre. Il n'y a pas de photos de William Pierce, John Tyndall, Louis Beam, James Mason, James Madole, Harold Covington, Robert Matthews, David Myatt, Kerry Bolton, Matt Hale, ni de la plupart des figures dirigeantes du mouvement de la «Christian Identity» et du mouvement odiniste. Naturellement, j'aimerais voir des photos, ou même des dessins, des soucoupes volantes nazies, des bases polaires secrètes, du Soleil Noir et du Rayon Vert, et des cités perdues d'Agartha et de Shambhala. Le Chapitre Six, «Les mystères nazis», passe en revue les histoires du genre «Aventuriers de l'Arche Perdue» sur les missions nazies pour retrouver de vieilles reliques juives et recueillir la sagesse impénétrable des têtes d'oignons tibétaines. Le Chapitre Sept, «Wilhelm Landig et la SS ésotérique», le Chapitre Huit, «OVNIS nazis Antarctique et Aldéraban», et le Chapitre Neuf, «Miguel Serrano et l'hitlérisme ésotérique», traite avec plus de détails quelques livres et auteurs discutés par Joscelyn Godwin dans Arktos, le mythe polaire dans les sciences, le symbolisme et l'idéologie nazie. Arktos est une divertissante et sensationnelle collection de théories démentes, et Black Sun a clairement pris modèle sur lui. En lisant ces chapitres, j'ai commencé à regretter que Goodrick-Clarke ne propose aucun survol des nombreux usages différents du symbole du Soleil Noir. Le Chapitre Dix, «Bruit blanc et Black Metal», parle de la musique skinhead et Black Metal. Ce chapitre souffre clairement d'une recherche inadéquate. Presque tout le genre de musique comme Apocalyptic Folk et la musique militaro-industrielle semble avoir échappé à son attention. L'épais catalogue de Death in June (se terminant par l'imagerie du Soleil Noir) mérite sûrement une discussion détaillée, de même que Laibach, Current 93 (des titres d'albums comme Imperium et Hitler as Kalki auraient dû lui sonner les cloches), et Der Blutharsch. Pourtant seuls Blood Axis de Michael Moynihan et Allerseelen de Kadmon sont discutés, même s'ils sont des groupes relativement mineurs comparés à Death in June. «Boyd Rice et son groupe NON» sont aussi mentionnés, mais seul Might! est discuté. Heaven Sent, la collaboration de «Scorpion Wind» de Rice avec Douglas Pearce de Death in June, avec ses chansons sur Savitri Devi, le marquis de Sade, et C.G. Jung, a un rapport évident avec le sujet d'étude de Goodrick-Clarke, mais apparemment il n'en a jamais entendu parler. Tous les oublis de Goodrick-Clarke auraient pu être évités avec quelques heures de recherche sur internet. Comme il n'en a visiblement pas pris la peine, on se demande comment il a pu entendre parler de Blood Axis. Peut-être Moynihan l'a-t-il contacté! Le Chapitre Onze, «Le satanisme nazi et le Nouvel Eon», parle surtout de David Myatt et de Kerry Bolton. Le Chapitre Douze, «Identité chrétienne et créativité», parle surtout des Aryan Nations et de la Church of the Creator. Le Chapitre Treize, «Paganisme racial nordique», est une histoire intéressante qui donne un peu trop d'espace à David Lane et très peu à des odinistes plus érudits et intéressants. Mais ils ne peuvent pas servir pour 190 ans de meurtre et de conspiration, donc leur odinisme ne donne pas le même frisson de danger et de transgression. Ces chapitres sont remplis de répétitions ennuyeuses. Dans tout le livre, les mêmes personnes sont citées encore et encore, souvent en utilisant exactement les mêmes mots et tournures de phrases. Le Chapitre Quatorze, «Croyances à la conspiration et Nouvel Ordre Mondial», est une litanie plutôt déprimante de théories de la conspiration, certaines d'entres elles si manifestement stupides qu'elles donnent un mauvais nom à l'idée même de conspiration. En fait, c'est peut-être pour cela qu'elles ont été conçues ... Dans la Conclusion de Black Sun, Goodrick-Clarke dit que son analyse reste dans le juste milieu. Il cite avec approbation les très respectables Jared Taylor et Peter Brimelow pour l'inégalité raciale et la crise de l'immigration (j'aurais souhaité qu'il ait lu aussi le très respectable Kevin MacDonald). Il déclare catégoriquement que les médias ont un préjugé de gauche et qu'ils tentent de dissimuler le crime Noirs-contre-Blancs, que la violence et la stupidité noires ne peuvent pas être entièrement attribués au racisme, que les sociétés multiculturelles et multiraciales ont été des échecs, et que l'immigration sans restrictions du Tiers-Monde sera la Mort de l'Occident. En bref, il reconnaît que beaucoup des affirmations centrales des Nationalistes Raciaux Blancs sont vraies, qu'ils réagissent à des problèmes réels, et qu'ils pourraient remodeler l'avenir du monde blanc. Il termine son livre avec la phrase, «Du point de vue rétrospectif d'un avenir autoritaire potentiel en 2020 ou 2030, ces cultes aryens et ce nazisme ésotérique pourraient être considérés comme les premiers symptômes de changements diviseurs majeurs dans nos démocraties occidentales d'aujourd'hui». Il s'arrête juste avant de dire que si l'establishment ne veut pas d'un avenir influencé par les nazis, il devrait envisager de changer les politiques qui sont à l'origine des mouvements identitaires d'extrême-droite. En dépit de ces hérésies, Goodrick-Clarke est toujours préoccupé de maintenir son crédit en tant qu'historien de l'establishment. Il est un spécialiste indépendant, un chercheur à plein temps, un écrivain, un traducteur, et un consultant. Il publie dans les éditions universitaires et a travaillé à l'Université d'Oxford. Donc il est très, très Sémitiquement Correct. Dans Black Sun, l'antisémitisme est toujours présenté comme une forme de paranoïa sans fondement, l'Holocauste est l'Evangile de la Vérité, et les nazis sont irrémédiablement souillés à cause du traitement brutal qu'ils ont infligé aux petits animaux préférés de Dieu. La couverture de Black Sun porte trois recommandations, toutes faites par des Juifs. En tant que spécialiste indépendant, Goodrick-Clarke doit vendre des livres. Je pense que cela explique en partie les fréquentes références au «terrorisme». Il nous rappelle même le 11 Septembre, juste au cas où nous aurions oublié que l'Occident est en guerre contre le terrorisme. Dans tout Black Sun, les nazis sont constamment décrits comme des «terroristes», même si le terrorisme d'extrême-droite est très marginal comparé au terrorisme d'extrême-gauche, et même si la violence skinhead pâlit en comparaison avec la violence des gangs Blacks, Latinos et asiatiques. Je suis sûr qu'il serait relativement facile de trouver des membres d'organisations noires ayant commis des crimes violents, mais une histoire des organisations noires qui étalerait tous les incidents ne serait jamais publiée. Tous les gens de ma tendance ne font rien d'autre que parler. La seule violence que font certains d'entre eux est contre eux-mêmes, en buvant à l'excès. Personne n'aurait peur des militants que je connais. Mais ils ont peur des «terroristes». Un jour peut-être, quand le Dr. Goodrick-Clarke dépensera sa fortune à la chasse à courre, sa prose érudite sera citée devant des tribunaux militaires avant que des gens comme nous soient fusillés pour «terrorisme». En dépit de ses défauts, je recommande Black Sun, et paraphrasant un jugement de Lénine, je désire officiellement proclamer le Dr. Goodrick-Clarke comme un idiot utile nazi. Le sale petit secret de la carrière du Dr. Goodrick-Clarke est que la plupart de ses lecteurs sont les mêmes gens d'extrême-droite qu'il affirme mépriser. Mieux, avec toutes ses déclarations morales, ses livres attirent plus de gens à la cause qu'ils n'en repoussent. Ils peuvent certainement capturer et retenir l'attention, stimuler l'imagination, et peuvent même conduire les gens à la vérité malgré eux. Par exemple, j'ai découvert Savitri Devi à travers la biographie de Goodrick-Clarke, et elle a eu une très puissante influence sur moi. Elle n'a jamais réussi à me convaincre que Hitler était le neuvième avatar de Vishnou. Mais j'ai été très impressionnée par le fait qu'une femme brillante avec une licence en Sciences et un doctorat en Lettres, qui parlait couramment sept langues, et qui pouvait écrire une prose belle et brillante, était plus dure que Hitler et le blâmait pour avoir été trop modéré. Cela m'a obligée à réviser radicalement mon sens de ce qui était politiquement possible. J'ai pris Devi au sérieux malgré son hitlérisme hindou, pas à cause de lui, et j'ai appris beaucoup le long du chemin. En fin de compte, je suis une pragmatique impitoyable. Je souhaiterais qu'il y ait beaucoup moins de nazis cinglés. Mais tant qu'ils sont là, je n'ai pas d'objection à ce que Goodrick-Clarke (ou Joscelyn Godwin) se fassent quelques dollars en vendant leur idées, en particulier si cela bénéficie à notre cause au passage. 31 décembre 2002.
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