Les rochers du soleilSavitri Devi |
Les Externsteine, 23 octobre
1953, dans la soirée.
Nous traversâmes et dépassâmes Horn, sans nous arrêter, tournâmes à droite en arrivant dans les faubourgs de la ville et ensuite, après encore cinq cent yards, à gauche, et nous suivîmes une belle route asphaltée bordée d'arbres et de prairies derrière lesquels on pouvait voir encore plus d'arbres -- cette même Forêt de Teutoburg, infinie, dans son vêtement d'automne, que je ne me suis jamais lassée d'admirer. Je regardais à droite et à gauche, et devant, et je ne parlais pas. Je contemplais l'approche du soir sur les ardents rouges et jaunes et bruns des feuillages prêts à tomber, en pensant aux aigles captifs et à l'Allemagne asservie, et rêvant au Jour de la Revanche -- «der Tag der Rache» -- aussi intensément, en fait, que pendant les dernières huit années et demi. Alors, barrant soudainement la
route, une rangée de rochers verticaux d'environ cent pieds de haut
-- mais paraissant beaucoup plus hauts, particulièrement à
courte distance -- apparurent, uniformément gris sur le fond lumineux
du ciel du coucher de soleil. Je les reconnus immédiatement pour
en avoir vu des images, et m'exclamai à voix basse, avec ravissement:
«Les Externsteine!»
Nous descendîmes de la voiture. Je me tenais, automatiquement, à distance des autres voyageurs, comme si j'étais consciente du fait que nous appartenions à deux mondes différents; que eux, bien qu'étant des Allemands, n'étaient ici que des touristes, alors que moi, bien qu'étant une étrangère, j'étais déjà un pèlerin. Je levai les yeux sur les formes
de pierre irrégulières qui se tenaient entre moi et la forêt
au loin, à laquelle conduit la route carrossable. Les contours familiers
me fascinèrent. Non pas que ce fût la première fois
de ma vie que je visitais un lieu marqué par le prestige de l'immémorial
culte du Soleil: c'était loin d'être la première fois!
J'avais vu Delphes et Délos, et les ruines de Haute et de Basse
Egypte: Karnak et les pyramides. Et en Inde, j'avais visité la célèbre
«Pagode Noire» construite en forme de char solaire reposant
sur douze énormes roues, chacune d'entre elles correspondant à
un signe du zodiaque, et présentant dans sa sculpture la plus splendide
illustration de la vie dans toutes ses phases -- dans toute sa plénitude
-- depuis les plus sauvages scènes érotiques décorant
la majeure partie de la surface des murs inférieurs, jusqu'au calme
serein de la méditation solitaire -- la méditation
du Dieu du Soleil Lui-même, dont la statue assise domine toute la
structure. Et j'avais visité l'extraordinaire temple de Sringeri,
dont chacune des douze colonnes est frappée à son tour par
les premiers rayons du Soleil, le jour où le Soleil entre dans une
nouvelle constellation.
Mais je ne m'étais encore jamais trouvée (sauf une fois, en Suède) sur un lieu sanctifié par le culte de notre Etoile Parente -- le vieux culte de la Lumière et de la Vie -- dans un pays germanique. Et ces Rochers, je le savais, avaient été le centre des rites solaires germaniques depuis des temps immémoriaux. Je me sentais comme quelqu'un qui a parcouru une longue route et une longue période de temps -- qui est venu d'un pays très, très lointain -- avec un dessein précis, et qui, enfin, atteint son but. J'avais maintenant atteint, sinon la fin (car il n'y a pas de fin), du moins le point culminant de mon pèlerinage à travers l'Allemagne et à travers la vie. Et j'étais heureuse. J'avais atteint la Source où je pourrais reconstituer mes forces spirituelles pour le Combat éternel sous sa forme moderne: le Combat des Puissances de la Lumière contre les Puissances de l'Obscurité, reconnu par moi comme étant celui des valeurs nationale-socialistes contre celles du christianisme ainsi que du marxisme -- de la plus ancienne et de la plus récente doctrine juive à destination des Aryens, [doctrines] que j'avais combattues et que je continuerais à combattre infatigablement. |